Le vol hypersonique est l’une des technologies militaires et civiles les plus disruptives. Les Etats-Unis, qui tentent de rattraper leur retard dans ce domaine, viennent de réussir un bel exploit, mais l’acquisition d’un vecteur hypersonique fiable et opérationnel utilisant cette technologie demandera encore plusieurs années de recherches
Université de Floride
Financée par l’Air Force Office of Scientific Research (AFOSR), l’Université de Floride (UCF) vient de tester avec succès un mode de propulsion, fondé sur le principe de détonation. Bien que les premières ébauches sur ce système de propulsion remontent à plus de soixante ans et que de nombreux articles avaient spéculé son intégration sur le projet Aurora. L’exploit de l’UCF ouvre désormais un nouveau chantier technologique qui vient s’ajouter à ceux retenus jusqu’à présent pour développer et intégrer la propulsion hypersonique sur des vecteurs aériens et spatiaux.
Moteur à détonation
Pour la propulsion hypersonique plusieurs solutions existent. D’une part la déflagration utilisée sur les moteurs fusées et expérimentée dés 1933 par Walter Thiel grâce à la combustion réalisée par un mélange d’éthanol et d’oxygène liquide, dans le cadre du projet de missile Aggregat qui donnera naissance au V2, et à la RTV-G-4 américaine de Von Braun. Le statoréacteur inventé par les ingénieurs français Lorin et Leduc, et le super statoréacteur retenu notamment pour le projet de planeur hypersonique à Mach 8 australo-américain HIFiRE, qui a effectué son premier vol en 2017. Le canon électromagnétique, comme l’AGS (Advanced Gun System) de BAe ou le Blitzer de General Atomics, qui propulse un objet métallique grâce à un puisant champ magnétique Et enfin la détonation, plus violente qu’une déflagration car transmise mécaniquement par une onde de choc au sein d’un mélange homogène entre un gaz combustible et un comburant. Ce sont les détonations successives qui permettent d’obtenir l’accélération nécessaire pour atteindre des vitesses hypersoniques. Ce type de détonation est désormais accessible grâce à l’OWDE (Oblique Wave Detonation Engine). Lors des essais, un moteur de ce type (High-Enthalpy Hypersonic Reacting Facility) a réussi une propulsion d’une durée de trois secondes, s’éteignant par manque de carburant. Ce serait ainsi la première fois (du moins dans le secteur civil) qu’une détonation était parfaitement stabilisée et durait plus de quelques micro-secondes. Cette percée expérimentale permet d’envisager une voie possible pour développer et intégrer une technologie de détonation à très grande vitesse permettant une propulsion hypersonique durable et contrôlée.